samedi 6 septembre 2014

BIOGRAPHIE SOMMAIRE DE RACHID SFAR ANCIEN PREMIER MINISTRE DE BOURGUIBA.

BIOGRAPHIE SOMMAIRE DE RACHID SFAR ANCIEN PREMIER MINISTRE TUNISIEN.
Rachid Sfar (رشيد صفر), né le 11 septembre 1933 à Mahdia, est un technocrate tunisien qui a été amené à assumer de lourdes  responsabilités politiques  pendant des périodes difficiles pour son pays .Nommé Premier ministre pour redresser les finances du pays, il sera l'avant-dernier chef de gouvernement du président Habib Bourguiba et sera remercié un mois avant la destitution de ce dernier.
Rachid Sfar est le fils de Tahar Sfar,avocat cofondateur avec Habib Bourguiba, Mahmoud El Materi, Bahri Guiga et de M'hamed Bourguiba du Néo-Destour en 1934,


Sa formation.
Rachid Sfar effectue, après des études secondaires au Collège de la ville de Sfax de 1947 à juin 1953, des études supérieures de lettres, de droit et de sciences économiques à Tunis où il compte notamment parmi ses professeurs François Châtelet, professeur de philosophie enseignant à Tunis de 1953 à 1955, Raymond Barre, professeur d'économie politique dont il suit les cours pendant la dernière année de son enseignement en Tunisie 1953-1954, et Jean Ganiage, professeur d'histoire qui le charge en novembre 1956 de faire un exposé sur l'historique du « miracle économique » japonais. La préparation de cet exposé  ainsi qu’une conférence présentée par Raymond Barre en janvier 1954 sur la situation de l’économie tunisienne sont à l'origine de son choix définitif porté sur une orientation vers les sciences économiques, les finances publiques et la fiscalité. Rachid Sfar achève ses études à Paris pendant les années 1958-1959 où il suit parallèlement au cours de la Sorbonne  plus particulièrement les enseignements de l'École nationale des impôts (section des inspecteurs) relevant du Ministère des Finances et de l’économie. A l’examen de fin d’année de cette Ecole d’application de l’administration française ; il obtient une moyenne de 19 sur 20 et reçoit du Directeur général de l’Ecole une proposition de recrutement à la Direction régionale des Finances de Versailles qu’il décline pour renter rapidement au pays.
Sa Carrière administrative.
De 1960 à 1977, il est chargé de hautes fonctions administratives notamment au ministère des Finances dont il sera le directeur général des impôts de 1969-à1970  et le secrétaire général de 1974 à 1977.De 1973 à 1974 il assume les fonctions de Secrétaire Général du département de l'éducation nationale  et de l’enseignement supérieur pour mettre notamment de l’ordre et moderniser la gestion financière de cet important département..
Sa carrière politique
Après avoir occupé plusieurs portefeuilles ministériels (Industrie Mines et Energie 1977-1979, Défense Nationale 1979-1980, Santé publique 1981-1984, Économie nationale 1984-1986 et Economie et Finances 1986) de 1977 à 1986, Sfar est chargé par Bourguiba des fonctions de Premier ministre, le 8 juillet 1986, pour rétablir les équilibres financiers et économiques du pays. Il s'efforce alors de restaurer une situation financière dégradée, des réserves en devises épuisées et une économie affaiblie. Sous la pression de Bourguiba qui veut reprendre les rênes de son pouvoir et devant la montée du mouvement islamiste, la normalisation de la vie politique et la  tentative  défaillante de démocratisation  de la vie politique initiées au début des années 1980 ne sont plus la priorité de l'État. Le gouvernement de Sfar  hérite du gouvernement précédent  de MZALI, Zine el-Abidine Ben Ali, d'abord comme ministre de l'Intérieur, puis celui-çi est promu par Bourguiba dans la même fonction avec le titre de ministre d'État en Mai 1987.


Rachid Sfar est remplacé,- après avoir redressé la situation financière du pays et fait adopter par la Chambre des députés le VII eme plan de Développement - par Ben Ali à la tête du gouvernement le 2 octobre 1987 dans des conditions restées célèbres : il essuie  en effet une colère du Président Bourguiba à la fin du Conseil des ministres  du premier octobre 1987 et devant tous les ministres présents, Bourguiba  déclare haut et fort ne pas se souvenir d’ avoir autorisé certaines nominations  à de hautes responsabilités dont  celle de Abdelmalek Laarif à la direction du Parti socialiste destourien (successeur du Néo-Destour)  et celles de Mohamed Ghanouchi et Nouri Zorgatti successivement comme Secrétaire d’Etat au Plan  et Secrétaire d"Etat au finances. Bourguiba considère que son Premier ministre a outrepassé ses pouvoirs. En réalité Bourguiba était  en colère parce qu'il n’était  pas satisfait du jugement relativement modéré prononcé par la Haute Cour présidée par Hachémi Zemmal à l’encontre des dirigeants du Mouvement Islamiste dont il escomptait la peine suprême: en effet sa nièce Saida Sassi « gouvernente du palais de Carthage » , conseillée principalement par Ben Ali,  confia la veille à Bourguiba que son Premier Ministre Sfar avait encouragé les deux députés siégeant à la Haute Cour de Justice les nommés, Abdallah Abbab et Mohamed Mastouri, à ne pas voter pour la condamnation à mort des dirigeants islamistes.
Sa démission des fonctions de Premier Ministre.
De retour à son Bureau à la Kasbah,  ce 1 er octobre 1987;,après avoir accompagné  à l’aéroport  de Tunis le Premier Ministre Marocain E. Laraki venu à Tunis porteur d’une missive du Roi du Maroc ,Rachid Sfar téléphone à quelques collègues pour les informer qu’il démissionne de ses fonctions et qu’il a déjà chargé  par téléphone le Dr Amor Chédlly d’en informé officiellement le Chef de l’Etat pour réfléchir et procéder à son remplacement. Le soir de ce Premier Octobre 1987, le téléphone sonnera  tard à deux reprises au domicile de Rachid Sfar ; c’est Mr Hédi Baccouche qui est chargé par Ben Ali de demander  à Rachid Sfar de surseoir à sa démission au moins pendant encore un mois, le Président Bourguiba comptant relativiser ses remontrances «  faites à celui qu’il considère comme son fils ». Sfar confirme à deux reprises à  Hédi Baccouche le maintien de sa démission quelque soit les conséquences qui peuvent en résulter.
 Le lendemain  2 octobre ,en rentrant dans le bureau de Bourguiba celui-ci, ne lui laisse pas le temps à son Premier ministre de parler et  lui annonce qu’il  a décidé de le remplacer par Ben Ali et qu’il compte le proposer comme candidat à la présidence de la Chambre des députés. Ben Ali , ce jour là, comme d’habitude était tout juste derrière Rachid Sfar.
Sa Cohabitation forcée et tendue avec la triste Période de Ben Ali.
Élu le 13 octobre à la présidence de la Chambre des députés il garde son appartenance au sein du Parti socialiste destourien lorsque Ben Ali devient président de la République le 7 novembre de la même année. Rachid Sfar , non satisfait en particulier du simulacre de la réforme de la Constitution en 1988  quand il présidait la Chambre des députés, demande a être déchargé de ses fonctions  à la Chambre et suggère au nouveau Président de représenter la Tunisie auprès de la Communauté européenne à Bruxelles, de 1988 à 1992 où il pense pouvoir être plus utile pour son pays. Son travail à Bruxelles est apprécié par beaucoup de tunisiens mais pas  par tout l'entourage de Ben Ali. En effet les exigences que Sfar a formulées lors du début des négociations de l’Accord sur la Zone de libre échange et notamment le fait qu’il était indispensable de faire bénéficier la Tunisie des ressources communautaires provenant des « Fonds structurels » destinées plus particulièrement au développement spécifique des régions défavorisées pour rééquilibrer l’accord, paraissent à certains de l’entourage de Ben Ali comme excessives voir utopiques. Rachid Sfar doit donc quitter Bruxelles parce que Ben Ali veut  accélérer la signature de l'Accord quelqu’un soit le prix pour le pays. Il tient à signer l'accord avant le Maroc.... On va confier à Sfar pour justifier son retour en Tunisie de 1993 à 1996, la présidence d'un vague Haut Comité pour le contrôle administratif et financier qui ne dispose en réalité d’aucun  vrai pouvoir d’investigation et de contrôle. Il est cantonné à assurer « un suivi » des correctifs qui doivent être effectués par l'Administration suite à des contrôles effectués par d’autres structures qui ne relèvent pas de son autorité. En 1996, Sfar constatant la faible utilité de son travail demande  et insiste par écrit à faire valoir ses droits à la retraite comme ancien Premier ministre pour reprendre une certaine liberté.
 Répondant à une simple invitation à l’ouverture du prochain congrès du RCD en 1997, Sfar est surpris, en clôture du Congrès, de se voir désigné par Ben Ali parmi les membres non élus du Comité Central du RCD alors qu’il n’avait participé à aucun de ses travaux. Il y voit une manœuvre très nette  de Ben Ali de neutraliser sa liberté. Sa désignation d’office comme membre de la Chambre des Conseillés procède de la même stratégie mais cette fois elle est accompagnée de menaces non voilées devant une tentative de refus.
 En Janvier 2011,Rachid Sfar adresse une lettre ouverte au Président Intérimaire Foued Mbazaa pour se solidariser avec la révolution du 14 janvier 2011 en démissionnant de la Chambre des Conseillers bien avant sa dissolution. Il avait déjà appris par des amis au mois d’Aout 2010 que son nom figure dans une liste  publiée par le journal de langue arabe  Ecchouroukk de 65 personnalités qui auraient appelé Ben Ali à se présenter pour un nouveau mandat en 2014 alors qu’il n’avait pas achever la première année de son nouveau mandat. Rachid  Sfar proteste contre cette mascarade auprès d’un des conseillés de Ben ALI en signalant que c'est une provocation de l'opinion publique qui peut être lourde de conséquences politiques.  On  fait comprendre à Sfar qu’il n’est pas le seul à avoir été mis devant le fait accompli et que toute forme de démenti n’est pas de mise…..
Ses réflexions pour le XXIe siècle pour le futur de la gouvernance mondiale et  l’avenir de la Tunisie et du Maghreb.
 À la veille du nouveau millénaire, Rachid Sfar publie aux éditions L'Harmattan à Paris un ouvrage sous le titre — Mondialisation, régulation et solidarité — prônant des réformes radicales du système de gouvernance internationale, notamment celles concernant l'ONU et le FMI, pour assurer la paix et la sécurité, humaniser la mondialisation, atténuer ses inconvénients comme la précarité et le chômage des jeunes et offrir les mêmes chances de développement pour tous les pays. Il préconise dans son ouvrage une réforme radicale de l'ONU inspirée des institutions de l'Union européenne et plaide en faveur  d'une régulation du marché financier international et d'une transformation du FMI pour en faire, par étapes successives, une véritable banque centrale mondiale en commençant par faire jouer aux droits de tirage spéciaux (DTS) un rôle accru.
Parmi les derniers travaux effectués sous sa direction, on peut citer un volumineux rapport de réflexion prospective remis au Président tunisien et relatif à la « vision pour le développement de la Tunisie du XXIe siècle » rédigé en octobre 1995 avec la participation active et bénévole de plus de 1 000 cadres supérieurs et experts tunisiens dont l'ancien ministre du Plan Mustapha Zaanouni, l'ancien ministre de la Culture et ancien secrétaire général de la Ligue arabe Chedli Klibi, l'ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie Ismaïl Khelil et le professeur Salah Hannachi, ancien directeur de l'Institut tunisien d'études stratégiques en sa qualité de rapporteur général. Sfar propose à Ben Ali une large diffusion de ce document important - qui insiste longuement sur l'impérieuse nécessité de l'instauration d'une véritable démocratisation de la vie politique et d'un développement régional plus équilibré-mais on lui refuse même sa distribution au cadres ayant participé aux travaux, comme on lui refuse la constitution d’une Association  tunisienne pour la vulgarisation des techniques de prospectives dans l'Administration et les entreprises.
On peut citer également parmi les autres travaux qu’il a supervisés le rapport sur le « développement des investissements privés en Tunisie » élaboré en 2000 et remis aux autorités tunisiennes avec plus d'une centaine de propositions concrètes destinées à relancer et à porter au niveau requis l'investissement privé créateur d'emplois dans toutes les régions. Il a été aidé pour ce travail minutieux et bénévole, qui a duré plus de cinq mois, par de nombreux experts et personnalités de premier plan dont notamment le professeur et ancien ministre de l'Éducation Ridha Ferchiou, le professeur et ancien ministre de l'Économie Chedly Ayari et le ministre de l'Industrie Afif Chelbi (toujours en poste en juillet 2008).

À l'occasion de la création de l'Union pour la Méditerranée, il propose -dans un grande réunion internationale organisée en Mai 2008 à Rabat- notamment un vaste programme d'appui à la réforme et à la mise à niveau du système éducatif et universitaire maghrébin basé sur un jumelage actif  et réel avec les établissements européens les plus performants et utilisant internet comme outil de mise en œuvre principal pour l’amélioration des enseignements.

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